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"Non, je ne suis pas qu'un putain de gamin colérique et mal élevé."
"Non, je ne suis pas qu'un putain de gamin colérique et mal élevé."
"Non, je ne suis pas qu'un putain de gamin colérique et mal élevé."
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Né en 1999 dans un hôpital de Ekaterinbourg, d'après l'équipe médicale: tout allait bien. Neliel était en bonne santé, pas la moindre anomalie, pas la moindre trace de cette grossesse compliquée. Ce n'est qu'à partir de 4 ans, que ça s'est dégradé.
Difficultés à s'adapter à son environnement, asociabilité qui passe pour de la simple timidité, gestes brusques et impulsivité non sans conséquence. On demanda alors à "rencontrer les parents". Difficile de comprendre qu'un bébé tout juste enfant vous dise qu'il n'en a pas. Non, pour Neliel, les grandes personnes chargées de s'occuper de lui sont "dyadya et Nana". Peu après, l'idée de faire voir à l'enfant troublé un psychologue s'imposa. A la surprise de l'assemblée de professeurs, "Nana" en voyait un elle même. Celui que lui avaient fait rencontrer les assistantes sociales lors de l'incarcération du chef de famille. Rapidement Neliel, âgé maintenant de 5 ans rencontra le Dr. Mikhail Baker. Conversations de mots simples, jeux éducatifs, visites fréquentes...
Trouble explosif Intermittent.
Voilà ce qui éclata à son visage alors qu'il n'avait que 10 ans...
Épisodes d'agressivité incompréhensible, violence démesurée difficilement contrôlable et révolte. Écarter tout objet susceptible de nuire à autrui, lors d'une crise. Ne pas tenter de se faire plus menaçant que le sujet en crise. Tout ça, c'était sa faute. Pour l'avoir mal aimé, pour l'avoir haï et maltraité avant même qu'il n'ait vu le jour. Voilà que maintenant, il était vu comme un monstre de la cour de récré, une terreur des bacs à sable à qui personne ne voudrait se mélanger. En cas de contrariété, c'était les poings qui parlaient, peu importe celui ou celle qui passait. "Un enfant problématique qui tournait moins rond que sa mère inconsciente". Neliel voit son impulsivité croître et déborder alors que se succèdent les traumatismes dans sa structure familiale. Incapable d'évoluer parmi les autres, majoritairement craint et repoussé, changer Neliel d'établissement n'y arrange rien. Il évolue maladroit à la sociabilité et étranger aux rapports avec les autres.
On était mercredi après midi, enfin l'école était finie. Les gamins du voisinage faisaient un foot en criant des noms d'oiseaux à tout va, heureux et insouciants du haut de leurs treize ans. La pluie n'arrêtait pas leur malice, leur énergie, leur volonté de se dépenser. Ils vivaient l'instant présent, emmerdaient bien les passants, se moquant de ce que pouvaient exiger papa et maman. Eux n'étaient pas forcés de rester confinés, sommés de ne jamais se mouiller.
"Neliel Taras Siakaïev, uberis' v komnate!"
Railla t-elle en traversant le couloir avant de claquer la porte de sa chambre pour finir de se préparer. Demander à un adolescent de treize ans de ranger sa chambre. Oh ce n'était pas spécialement compliqué, dérangeant à faire. Ce qui irrita davantage son oreille fut l'énonciation claire de ses prénoms. Sa supposée aïeule, son défunt géniteur.
On aurait pu croire à un bel héritage. A une possible fierté de porter ces prénoms-là. Mais connaissant maintenant le contexte amer lors du choix de ces derniers, en plus de la voix de celle qui cria après le pauvre garçon, ce cri fut tout aussi plaisant à son oreille que le crissement d'une assiette. Elle. Elle. Elle. Sa voix. Et son nom à lui. Son nom complet énoncé avec tout le dégoût et la révolte qu'il suscitait en elle. Il la détestait cette salope. Il la détestait tout autant qu'il pouvait la déranger. – Son regard se glaça sur la pluie perlant sur le carreau de sa chambre alors que ses mains destructrices se resserrèrent brusquement sur cette construction de papier mâché. Tant pis pour sa maquette, peu importe le temps qu'il avait passé dessus. L'avion n'aurait qu'à aller se faire foutre avec elle. Sdokhni, suka... Sdokhni !
Qu'elle meurt maintenant ou après, ça finirait par arriver de toute façon.
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