Brynjarr fût le second garçon de Floki Vilgerdarson & Eira Bjornsdottir. Une fierté supplémentaire pour le viking qui se vît béni d'un deuxième fils. Bien que précédé de Björg l'aîné, le dernier se vît recevoir toute l'attention de sa mère à sa venue au monde.
Il avait deux ans, lorsqu'elle arriva. Un cadeau des Dieux, pour cette mère à qui ces mêmes Dieux ôtèrent prématurément celui qui suivît Brynjarr. Petit, non-conscient, le malheureux ne sût réellement ce qu'on entendait par "tu as une sœur". Mais malgré tout, il ne broncha pas. Ce ne fût qu'après deux printemps, que Brynjarr commença à protester.
Eira, sa mère, celle de Björg l'aîné... Pourquoi avait-elle cessé de l'étreindre comme elle le faisait avant?
Pourquoi accorder sa tendresse à celle-là ?
N'était-il pas arrivé avant, n'était-il pas autant son enfant?
Brynjarr courrait, et derrière lui, les saisons aussi. Il avait dépassé les dix printemps et se pressait désespérément dans le but de rattraper l'aîné. Le malheureux se plaisait désormais à croire que les guerriers du village étaient les hommes à suivre, qu'ils donneraient l'exemple. Qui aurait besoin d'un géniteur fuyant pour père? Sa mère se chargeait de lui apporter tout ce dont il avait besoin. Elle semblait même déterminée à chasser de lui cette rancune qu'avait entraîné la venue de l'orpheline. Après tout, elle n'était pas son enfant.
Elle même l'avait murmuré à l'esclave...
Seize printemps. L'été s'était confortablement installé à Kattegat, et l'on préparait les jeunes braves aux prochains raids vers l'Angleterre, et le royaume de Francie. Brynjarr et Björg l'aîné s'entraînaient parmi les arbres, les armes à la main. Eira préparait le repas du soir, secondée par l'esclave. La brave femme s'époumonait à crier le nom de celle dont la tâche consistait maintenant à tenir avec elle, le foyer. Cette idiote n'apprendrait donc jamais?
Elle était là avec eux, assise sur un coffre fermé, à les observer comme une incapable, rêvant de saisir les armes à son tour. Dans l'espoir de pouvoir affronter ses aînés à son tour.
C'est qu'elle fantasmait, la pauvre bête !
Défaisant son aîné de sa hache, Brynjarr la lança imprudemment à la cadette. Une expression amère et sarcastique tirait les traits de ce visage sournois, il se mît en garde.
"Tu veux te battre, toi? Tu ne sais pas tenir debout, gamine." railla-t-il en direction de Thorhild, qui maladroitement, bascula vers l'arrière en voulant réceptionner l'arme lancée. Comment pourrait-il un jour prendre au sérieux une fille qui prétendait vouloir mourir comme guerrière au bouclier, quand cette bonne à rien ne savait pas même garder son équilibre? Le Valhalla n'était pas pour les femmes. Elles ne sauraient en être dignes.
L'imprudent baissant sa garde, s'étonna de sentir le vent d'une lame fouetter sa joue pour s'écraser derrière son oreille. L'idiote... Elle avait manqué de lui trancher la nuque ! Les avertissements d'un Björg hilare étaient-ils si injustifiés? Et s'il ne s'agissait pas là que de simples mots? Peut être était-ce nécessaire qu'il lui rappelle ce qui était attendu d'elle...
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Lançant son pied d'un geste brusque dans la direction de l'audacieuse maladroite, Brynjarr la laissa rencontrer le sol avant de tourner les talons. Cette saleté... Il lui montrerait.