top of page

PELAGEYA SIAKAÏEV

"Anabeth" est née au moment où le monde est devenu trop curieux sur la vie personnelle de Pelageya.

Le moment où cette dernière a complètement perdu pied et a voulu qu'il n'existe d'elle qu'un nom lié à ses capacités artistiques. À ce que devrait savoir le public...

100872203_1128832897468590_2017858528529
17757346_761206394039600_665085520713234
101854805_925357434552714_87154512402443
00:00 / 03:05
68747470733a2f2f73332e616d617a6f6e617773

"Anabeth" est ce que Pelageya aurait ressenti et vécu si sa vie avait été normale, si on ne la connaissait pas. Bien sûr, elle aurait porté les mêmes troubles et tourments. Mais elle se serait contentée d'un seul nom, d'une seule vie, que d'une part de mensonges. Elle n'aurait souffert qu' une seule vie. Anabeth parle, existe, pense, ressent, ment, joue. Elle est l'Être Humain de ces deux noms. 

"Pelageya" est le nom du passé d'Anabeth, ce qu'il en reste de manière superficielle. Celle qui a épousé puis perdu. Elle est celle qui a aspiré un jour à une vie rangée, avant d'échouer. La source de cette vie chaotique, déguisée en quelqu'un d'autre. Sans pensée propre, sans sentiments ni voix, Pelageya n'est restée que pour exploiter ce talent qu'est le Ballet. Beauté froide et talentueuse, silencieuse et secrète, ne parlent pour elle que ses représentations. 

La première fois qu’il la vit, il pensa qu’elle n’était pas bien haute, mais que ses jambes semblaient plus puissantes que le reste de son corps. Il l’avait vue danser auprès des autres, qui ne lui arriveraient probablement pas à la cheville malgré tout effort d’y parvenir. Tous pouvaient affirmer sans mauvaise foi que l’Odette du lac des cygnes était de loin la plus féroce. Ses pointes parfaites ne se relâchaient jamais et s’évertuaient à frôler le sol en petits pas légers, millimétrés à la seconde. Elle était au centre de cette harmonie brutale où tous se heurtaient à l’effort sans jamais rechigner. Anatole avait beau être affairé sur ses partitions, quelques fois, son regard divergeait vers les danseuses de l’Opéra Bastille, toutes participantes au doux vacarme qui accompagnait les notes assommantes du grand Tchaïkovski. Difficile, voire impossible, de ne pas être envoûté par sa manière de danser, qui se détachait plus facilement du troupeau. En cygne indépendant, Pelageya pouvait à elle seule combler les lacunes de certaines de ses rivales, qui malheureusement, n’égaleraient jamais sa rigueur et sa maîtrise. Anatole en était presque admiratif, même s’il se fichait de cette discipline qui n’était nullement la sienne. Pelageya était immergée dans cet univers où paradaient de réelles harpies, qui prétendaient avec audace être de beaux cygnes blancs, tandis que la réalité laissait croire le contraire et révélait l’imposture. Il n’y avait là aucun doute, la loi de Talion semait le trouble dans les vestiaires, mais Anatole refusait de croire que ce cygne-là, y était pour quelque chose. Ce n’était même pas envisageable. Il suffisait de jeter un regard un peu plus insistant, un peu plus précis, pour discerner le tempérament de la brune aux œillades parfois menaçantes, et comprendre qu’elle n’avait jamais joué le jeu. Elle ne prenait pas la peine de faire semblant, ni même de faire croire qu’elle pourrait être affectée par qui que ce soit, car ce n’était pas le cas.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Tout compte fait, il lui était difficile de mettre des mots sur sa personnalité, car il ne la connaissait que par ces sessions intenses où personne ne disait mot, où tous s’avéraient trop occupés à suivre les indications du maître de danse, seul détenteur de la parole, et à la critique facile. Trop peu, c’était trop peu pour pouvoir clairement cerner cette femme, qui le plus souvent était impassible, et dont le visage ne s’égayait que pour railler ou grimacer. 

large (2).jpg
tumblr_od25d0OwIY1umw7m8o2_500.jpg
101552414_255404835554042_23393274676065
100843180_556686861658690_67788450318694
bb.jpg

Même lorsqu’elle dansait, elle demeurait inexpressive, défaut que beaucoup lui reprochaient, de ne pas être assez démonstrative. Anatole savait, ou du moins, avait compris, qu’elle était simplement honnête, qu’elle n’essayait pas de feindre le contentement lorsqu’il n’y était pas. Pelageya avait beau renvoyer cette image d’une femme froide et quelque peu effrayante, le pianiste avait constaté plus d’une fois, que tout cela n’était en réalité qu’une façade, et qu’il lui arrivait de faire preuve d’une sympathie rare, qu’elle témoignait avec parcimonie. Ayant partagé une seule cigarette avec elle sur les marches de l’Opéra, il avait pu constater que sa compagnie lui était plutôt agréable malgré les dires des langues médisantes.

101377318_283424529453644_78972292527502
100868648_341166576850138_53864395996963

* Point de vue d'Anatole Straüs, appartenant à rpg-adrenaline-rpg

bottom of page